SYNOPSIS :

Tal a dix-sept ans, des parents et un frère qu’elle adore. Elle rêve de devenir pédiatre ou cinéaste, elle n’a pas encore décidé. L’avenir lui semble insaisissable, peut-être parce qu’elle vit à Jérusalem où les attentats se succèdent et peuvent ôter la vie à n’importe qui, n’importe quand, à la terrasse d’un café, dans un bus, ou un centre commercial.
Un soir de septembre, un attentat suicide a lieu près de chez elle, tuant une jeune fille qui devait se marier le lendemain. Les questions se pressent dans la tête de Tal : comment peut-on se faire exploser au milieu de gens ? Et pourquoi ?
Elle veut savoir. Elle veut comprendre ce conflit commencé avant sa naissance, elle veut connaître cet « ennemi » palestinien dont elle ne sait rien.
Parce qu’elle croit au pouvoir des mots, parce qu’elle ne supporte pas de laisser gagner la haine; elle écrit une lettre, la glisse dans une bouteille et la confie à son frère Eytan, qui fait son service militaire à Gaza. Dedans, elle a glissé une adresse électronique. Une correspondance vertigineuse s’engage alors avec un mystérieux « Gazaman »
MON AVIS :
Une magnifique découverte, bien partie pour être mon coup de cœur de l’année ! Un livre catégorisé en rayon adolescent mais qui peut parfaitement être lu par un public adulte, déjà parce que le sujet est poignant, puis parce qu’il est abordé avec beaucoup de maturité et de sensibilité.
On va suivre Tal qui un jour, confrontée une fois de plus à l’absurdité et l’horreur de cette guerre sans fin qu’elle a toujours connu, va commencer à se questionner et à écrire ce qu’elle ressent, ce qu’elle a pu ressentir toutes ces années et tous ses souvenirs marquants qui souvent n’ont été que des espoirs déçus. Elle décide alors de glisser ses feuillets dans une bouteille et de les envoyer à la rencontre de ce qui se passe de l’autre côté, un « ennemi » qui lui parait lointain mais qui ne vit qu’à 100km de chez elle. Cet ennemi qu’elle a apprit à diaboliser mais qui souhaite pourtant la même chose qu’elle : la paix.
Cette bouteille trouve alors un jeune palestinien se faisant appeler « Gazaman » et avec lequel va commencer, pourtant difficilement au départ, une discussion et une confrontation de ces deux différents points de vue.
Les personnages sont profondément touchants, Tal dans sa naïveté, ses espoirs et son besoin de croire que cette conversation soit une preuve que la situation n’est pas inéluctable, et Naïm dans sa révolte et son trop plein de pensées. Il apparaît d’abord très cynique dans ses mails et se cache justement derrière ce masque pour ne pas montrer toute sa souffrance. Des deux, c’est celui qui m’aura le plus touché. On découvre petit à petit sa vraie personnalité, sa sensibilité et son côté écorché vif.
Petit à petit, à force que dialogue, une compréhension et une compassion mutuelle va se mettre en place entre eux et les pousser à se rendre compte de l’absurdité de ce combat et de toute cette haine qu’ils ont appris à ressentir depuis toujours, cette haine qui ne devrait pourtant être orientée que vers les principaux responsables : les dirigeants.
C’est un roman particulièrement poignant parce que d’un certaine façon, et c’est horrible, je pense que nous avons fini par « banaliser » cette guerre. On a tendance à mettre une distance avec la situation politique de certains pays parce que ça dure depuis tellement longtemps que l’on ne le voit même plus. Mais ce sont des conditions de vie tout bonnement inhumaines… On est face à des gens qui depuis 73ans ne connaissent plus que ça et quand on remet les éléments en perspective, avec notre mode de vie, sa peut paraitre un peu « niais » dit comme ça, mais on se rend compte de la chance que l’on a de ne pas avoir à vivre dans ces conditions.
Un roman que je n’oublierai pas de si-tôt et que je vous conseille à 1000%.
Voilà, je m’énerve vite quand je pense trop, mais je ne veux pas arrêter de penser. Ma tête c’est le seul endroit où pas un soldat de Tsahal, pas un type du Hamas, ni mon père, ni ma mère ne peuvent entrer. Ma tête c’est chez moi, mon seul chez-moi, trop petit pour tout ce que j’ai à y mettre et c’est pour ça que je me suis mis à écrire, il y a plusieurs années déjà, j’ai pas attendu la petite Tal gâtée de Jérusalem pour m’y mettre. J’écris puis je brûle, je déchire, je mouille le papier et je le jette aux toilettes, j’ai trop peur que quelqu’un tombe dessus. Mais au moins, ça me fait du bien, ça m’allège un peu. Il y a trop de gens que je déteste, trop de gens qui m’empêchent de vivre, et des panneaux rouges qui n’existent pas mais que je vois partout. Dessus il est écrit : TOUT EST INTERDIT.