On était des loups – Sandrine COLLETTE

SYNOPSIS :

Ce soir-là, quand Liam rentre des forêts montagneuses où il est parti chasser, il devine aussitôt qu’il s’est passé quelque chose. Son petit garçon de cinq ans, Aru, ne l’attend pas devant la maison. Dans la cour, il découvre les empreintes d’un ours. À côté, sous le corps inerte de sa femme, il trouve son fils. Vivant. Au milieu de son existence qui s’effondre, Liam a une certitude. Ce monde sauvage n’est pas fait pour un enfant. Décidé à confier son fils à d’autres que lui, il prépare un long voyage au rythme du pas des chevaux. Mais dans ces profondeurs, nul ne sait ce qui peut advenir. Encore moins un homme fou de rage et de douleur accompagné d’un enfant terrifié.


MON AVIS :

C’est une très grosse surprise que j’ai eu avec ce livre parce que ça ne partait pas du tout comme un coup de cœur… C’est dur, oppressant, c’est tout ce qu’habituellement je n’aime pas trop, mais même si pendant une bonne partie du livre j’étais dans l’idée que je n’aimais pas, je n’arrivais pas à le lâcher parce que je voulais quand même savoir comment ça allait finir. Alors le sujet est terrible… C’est dur, c’est poignant, ça t’arrache les tripes et ça te donne envie de hurler par moments… Mais au-delà de tout ça c’est beau… Beau comme le chant des loups que l’on entend parfois au cours de ces pages, à la fois doux et mélancolique.

C’est un roman qui est humain, parce qu’il n’y a rien de facile dedans… Le personnage principal est froid et rustre et très souvent je l’ai haï parce que malgré l’horreur de ce qu’il vit, la façon dont il gère les choses avec son fils est terrible. Mais en même temps, l’histoire est racontée avec sa voix et il s’en veut tellement lui-même de tout ça que l’on n’arrive même pas à lui en vouloir très longtemps… C’est un personnage auquel on s’attache malgré nous et non pas, comme souvent, parce que tout est fait pour qu’on l’aime… Ici, on s’y attache parce que malgré tout ce qu’il fait mal, il est juste humain…

Et à l’inverse, à chaque moment de lumière où l’on ne peut s’empêcher de sourire d’attendrissement face à la beauté de certains moments et de la nature, l’émotion retombe aussi vite et nous retourne à nouveau le bide, parce que comme le dit si bien ce père encore en apprentissage, la vie parfois c’est juste ça, et chaque intermède est uniquement ça aussi… Un intermède… Une fois la beauté d’un instant passée, c’est la vie et la souffrance qu’elle peut nous imposer qui reprend ses droits, quand nous somme confrontés à l’impensable, l’inacceptable… Inacceptable qu’il faudra supporter jusqu’au prochain intermède… Le chant d’un loup, le vol doux et silencieux d’un papillon, ou le rire d’un enfant… Et la résilience, quand on comprend que ce rire est justement le plus beau son du monde et que même si la vie ne sera plus jamais ce qu’elle a été, elle peut continuer à être belle et que si elle nous a enlevé des moments de bonheur qui ne reviendront jamais, elle nous en accorde d’autres auxquels nous n’aurions jamais eu droit si elle était restée ce qu’elle était.

Comme vous l’aurez compris, ce roman m’a remué comme rarement et même si 50-60 pages avant la fin, j’étais quand même bien obligée d’admettre que j’aimais vraiment, je ne l’aurais pas encore classé comme un coup de cœur… Et finalement, c’est bien ce qu’il aura été. Et je pense que je ne suis pas près de l’oublier.

Ils sont loin on les entend par ricochet dans la montagne et Aru s’est redressé. À vrai dire on s’est redressés tous les deux et je remarque la tension similaire de nos corps penchés en avant et pourtant on sait lui et moi que les loups sont trop éloignés on ne les verra pas. C’est plutôt la fascination du marin quand le chant des sirènes résonne sur la mer, quelque chose d’irrépressible qui vrille au fond de nos ventres et vient chercher une vieille connivence oubliée du temps où l’univers était une sorte de fusion, j’ai du mal à expliquer pourtant en ce temps-là je crois qu’il n’y avait pas ces haines et ces peurs, en ce temps-là on était des loups et les loups étaient des hommes ça ne faisait pas de différence on était le monde. Le chant des loups nous appelle parce que c’est notre chant et aussi loin qu’on puisse remonter il y a l’éclat d’un animal en nous, c’est pour ça que ça m’émeut et que des larmes viennent brûler le bas de mes yeux. Ce n’est pas du chagrin c’est une émotion profonde viscérale racinaire et ceux qui ne ressentent pas ça ils ont tout oublié, ce sont des gens déjà morts. Il n’y a pas de mots pour définir ce qui m’étreint et je me dis que c’est pour ça que je vis ici, pour toucher du doigt, du bord du cœur, le territoire sauvage qui survit en moi et à ces moments-là quand les loups hurlent dans la montagne je sais que je ne suis pas seul.

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